La nougaterie s….

LE NOUGAT, UN SOUVENIR.

Pendant plus d’un demi-siècle, Loriol fut un centre de production du Nougat de Montélimar.

C’est en 1923 que M. Albert SERRE ( qui fut maire de Loriol pendant 24 ans de 1920 à 1944) dota sa ville de cette activité.
Auparavant, cet industriel avisé et éclectique avait dirigé avec ses associés ROUAST et BRAIBAZ une usine de produits chimiques sise au quartier des Blaches qui fabriquait du musc artificiel, puis du Gayacol, des glycéro-phosphates et des révélateurs photographiques. A partir de 1913 il s’y ajouta des acides acétylsaliciliques et leurs dérivés (Aspirine) puis du phénol en association avec la société Rhône-Poulenc. Pendant la Grande Guerre , l’usine de Loriol travailla pour la défense nationale en produisant des gaz toxiques.

La paix ramena des activités plus pacifiques mais Albert SERRE, laissant l’entreprise aux frères POULENC, se convertit à la confiserie.
A cet effet, il acheta l’ancien moulinage MICHAUX, rue des Moulins, et se mit à fabriquer du nougat selon la recette des nougatiers de Montélimar, emmenant avec lui un certain nombre d’ouvriers débauchés de l’usine chimique. Aux mains d’une solide équipe de techniciens comme  Louis CLAIR et Alfred CRU et de commerciaux comme MM. CHABANON et BERTRAND, l’entreprise connut un rapide succès.

Usine de nougat vers 1960.

Il fallut s’agrandir, et, en 1933, l’usine s’étendit de l’autre côté de la rue des Moulins  et de vastes bâtiments furent construits, comportant des entrepôts de stockage des denrées et des combustibles ,des ateliers de préparation, de cuisson, de découpage, de pliage et d’expédition. Le tout dominé par un imposant réservoir d’eau et par la haute cheminée de briques du générateur de vapeur.
A la veille de la Seconde Guerre Mondiale l’usine employa jusqu’à 180 personnes, en majorité des femmes, et c’était de loin la première entreprise de Loriol. Tout le village vécut au rythme du double cri de la sirène à vapeur qui, quatre fois par jour, sonnait le début et la fin des demi-journées.

La production alimentait deux marques différentes. Le nougat VIEILLE FRANCE représentait la qualité supérieure et était vendu dans les  confiseries fines et à l’exportation. Le nougat CANARD SAUVAGE moins riche en amandes, pistaches, pralines et miel, approvisionnait les marchands ambulants et les forains.
Au fil des ans, on diversifia la production avec les bonbons acidulés, les pâtes de fruits, les bonbons à  la gomme vendus en pharmacie.
L’entreprise, constituée en société (VIFRA) possédait un magasin de vente à Montélimar sur le boulevard et une équipe de représentants assurait la vente des produits dans toute la France et à l’étranger.
Cette prospérité dura jusqu’à l’après guerre. Mais en 1944, la disparition successive des deux fondateurs MM. SERRE et BERTRAND marqua le début du déclin. Faute de dynamisme et de créations nouvelles, l’affaire ne put suivre le rythme de la modernisation et de la croissance.
La concurrence prit le dessus et, en 1978, les marques et le matériel furent vendus à la société CHABERT ET GUILLOT de Montélimar.
Dès l’année suivante, le nouveau propriétaire procéda à la fermeture de l’usine qui comptait 72 salariés dont 32 furent maintenus provisoirement, 18 reclassés à Montélimar, 2 mis en pré-retraite et 20 licenciés.
Ainsi s’acheva la belle histoire du nougat à Loriol.

Les installations abandonnées représentaient un important patrimoine immobilier de presque 2 hectares à proximité du centre ville  et qui offrait des possibilités évidentes pour des projets. d’aménagement urbain. Aussi, le 4 avril 1980, la commune décida l’acquisition de ce bien pour 1 500 000 francs «  en vue de la construction d’un Centre Médico-Social, d’espaces verts et de parkings à programmer ultérieurement ».

En attendant la mise sur pied de ce programme, diverses affectations furent données à ces lieux :
En octobre 1980, signature d’un bail de location de 4 000 M2 couverts avec la société ALEXANDRE fabricant de mobilier scolaire et de 600 M2 avec la société SECREMO aménageur de résidences mobiles.
En 1982, bail avec M.MAUGE, antiquaire.
En 1983, bail avec le  Directeur des Services Fiscaux pour la mise à disposition d’un local de 23 M2 pour 6 ans.
La même année, l’entreprise loriolaise de plomberie sanitaire BURTIN et GERIN s’installe également au Nougat.
En attendant la réalisation de la Maison Pour Tous au Parc GAILLARD, la bibliothèque municipale est également hébergée dans les locaux du Nougat.

A partir de 1983, les équipements communaux évoqués au moment de l’achat du site sont réalisés.
Le Centre Médico-Social est édifié dans le cadre des équipements d’accompagnement du Grand Chantier de Cruas.
Deux cabinets médicaux privés sont construits.
On aménage les nouveaux locaux de la Halte-Garderie dans le cadre d’un Contrat de Quartier.
On vend à la SA  « La Sauvegarde Immobilière » une parcelle de 871 M2 pour la construction de 16  logements les « Nougatiers ».

Dans le même temps un programme de travaux extérieurs est réalisé : espaces verts, place des Nougatiers, parking des écoles.

De l’ancienne usine de nougats un seul bâtiment reste en place. Un projet de bibliothèque et d’école de musique a bien été confié à un cabinet lyonnais en 2004, mais n’a pas abouti. Ce bâtiment, reste en attente de réhabilitation.

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janvier 17, 2017