L’Hôtel de ville de Loriol sur Drôme (suite)
Sous l’Ancien Régime et jusqu’à la Révolution, l’administration communale est assurée par deux consuls « de l’une et l’autre religion » assistés d’un Conseil Général, tous élus pour un an par l’assemblée des notables de la commune.
Les réunions du Conseil se tiennent soit au domicile d’un notable, soit dans la « Maison d’Ecole », soit dans l’église, soit, lorsque le temps le permet, sous le vénérable tilleul qui se dresse sur la place.
Vers le milieu du XVIIIe siècle, la nécessité de disposer d’un local s’impose, ne serait-ce que pour entreposer les archives.
Trop pauvre pour envisager une construction, la commune opte pour la location d’une « Maison de Ville » au loyer annuel de 20 livres.
On ignore l’emplacement de cette première mairie mais, le 20 octobre 1793, le Conseil est avisé par le Représentant en Mission BOISSET que la République met gracieusement à la disposition des édiles la maison du Colonel d’artillerie BARATIER sise dans la Grand Rue, confisquée à son propriétaire, coupable d’avoir rejoint le camp des Emigrés ennemis de la Révolution.
Après l’amnistie , le retour des émigrés et la restitution de leurs biens, la mairie restera dans les lieux et s’acquittera d’un loyer auprès des héritiers jusqu’en 1807 date à laquelle la municipalité décide l’achat de cet immeuble qu’elle occupe depuis 14 ans.
Le bâtiment est loin d’être neuf et, bientôt, les propriétaires voisins, qui craignent l’effondrement de la façade, demandent que des réparations soient effectuées d’urgence.
Le 1er février 1827, le Conseil répond à leurs plaintes et décide la reconstruction totale sur place.
Des plans et des devis sont proposés par l’architecte CHABORD pour la construction, sous un même toit « d’une Maison Commune, un Tribunal de Justice de Paix, une prison et une caserne de Gendarmerie ». La dépense prévue s’élève à 17 850 francs.
Faute d’argent, cette réalisation sera mainte fois ajournée et l’attente va être longue.
Ce n’est que le 27 février 1841 que le Conseil, sommé par le préfet, approuve le projet de la « reconstruction pleine et entière » présenté par l’architecte départemental CHEVILLET de Valence. Le financement, estimé à 24 072,90 francs sera assuré par la vente de terres et de bois communaux situés au quartier des Blaches. Les travaux seront confiés à l’entreprise GINEYS du Pouzin.
Enfin, le 14 mars 1842, à 11 heures du matin, le Maire Joseph Charles BRES, pose la première pierre en présence de M. LEMARCHAND de la FAVERIE, préfet, Me FERMET, juge de paix, et MM. MARCEL et DORCIVAL , adjoints, accompagnés du Conseil au complet et d’une partie de la population. A l’issue de la cérémonie, le Conseil alloue la somme de 100 francs pour inviter le public à boire à la prospérité de la commune.
Au cours de sa séance du 6 novembre 1844, le Conseil pourvoira à l’ameublement des locaux avec « une grande table et deux bancs pour l’assemblée, deux petites tables dont une pour le Maire, un bureau pour le secrétaire, un panier pour les papiers de rebut, un quinquet et un poêle. » On y adjoindra un drapeau en 1849 et un dictionnaire en 1875.
L’Hôtel de Ville de LORIOL, édifié sur un espace réduit par suite de la densité du bâti environnant, sur un terrain à forte pente au flanc du coteau, sera l’objet, au cours des années, de fréquents travaux de réparations et d’aménagements.
En 1920, la municipalité Albert SERRE procède à un premier agrandissement de la salle du Conseil.
En 1935, on procède à la réfection de la façade côté Grande Rue ainsi qu’à la réfection de l’escalier.
En 1946, d’importants travaux s’imposent à la suite des bombardements d’août 1944 et le Conseil est contraint de lancer une souscription de 500 000 francs auprès de la population. 93 souscripteurs répondront à cet appel qui produira 465 000 francs remboursés dès octobre 1949.
Désormais, l’hôtel de ville offre l’aspect et l’organisation qu’il va conserver pendant une vingtaine d’années.
D’abord, la façade, monumentale et austère, avec ses cinq arcades fermées par des portes impressionnantes.
A l’intérieur, un long couloir sombre dessert, à droite, le logement de fonction du Garde Champêtre, tenant lieu en même temps de loge de concierge. A gauche, la salle dite de « la goutte de lait » où se faisait, pendant la guerre, la distribution de la ration de lait pour les nourrissons et qui est ensuite affectée aux consultations médicales et aux séances de vaccination.
Le premier étage a une fonction plus administrative. On y trouve : un bureau recevant le public, une petite pièce servant de bureau au maire et aux adjoints, la Salle du Conseil Municipal où se déroulent également les élections ainsi que le Conseil de Révision des conscrits pour le service militaire. Une salle des fêtes à l’emplacement de l’actuelle salle du Conseil permet d’accueillir un public restreint .
Le bâtiment Est, très vétuste, abrite, au rez de chaussée, les archives et un débarras, à l’emplacement de l’ancienne prison. Il communique avec le 2ème étage du bâtiment central par une passerelle débouchant sur une salle de classe et l’ancienne salle de justice de paix.
En 1970, un réaménagement important est entrepris. La suppression de la classe et de la salle de justice de paix permettra le transfert de l’appartement du garde champêtre au 2e étage, désormais accessible par une terrasse au-dessus de la cour. La salle du Conseil et des mariages sera éclairée par une large baie. Plusieurs bureaux seront réaménagés et l’accueil transféré au rez de chaussée.. Le chauffage central sera installé et l’alimentation électrique améliorée.
En 1974, on procède à la réfection de la toiture et des façades sur la cour intérieure.
La période 1987-1990 voit à nouveau d’importants changements qui contribueront à moderniser le vénérable édifice.
Le recul de la façade permet la création d’une galerie ouverte sur la Grande Rue par cinq arches en pierre de taille. Les lourdes portes de bois sont remplacées par des ouvertures vitrées. Un accès est réalisé par la rue de L’Etrangle-Chat et la cour est réaménagée. A l’intérieur, les salles sont redistribuées. La réhabilitation du bâtiment de l’ancienne école de filles et de la prison à l’Est permet la création de nouveaux bureaux ainsi que le logement des archives à l’étage supérieur.
Depuis 1949, la façade côté Grande Rue est ornée d’une plaque, œuvre du marbrier local Jean BELCHI, témoignant de l’attribution à la ville de la Croix de Guerre pour « le courage et le patriotisme de la population » lors des événements qui ont accompagné la Libération au mois d’août 1944.